à la page.

Je voudrais inaugurer un sujet et pourquoi pas aussi un petit jeu.

On va écrire un extrait choisi d'un de nos livres préférés et les autres doivent découvrir le titre et l'auteur.
Le but étant de faire partager et éventuellement faire découvrir nos livres préférés.

Alors je commence:

"il pensait:je vais voyager.Je vais continuer,nager vers l'horizon,si loin que je ne pourrai plus revenir en arrière.Un instant il avait pensé cela,non pas mourrir mais partir.Mais quelque chose l'en avait empêché.Le soleil s'était immobilisé,il s'était durci.Sous le corps de Jean,la mer était devenue profonde,
froide effrayante.Il n'y avait pas de vagues,mais une houle lente qui poussait,poussait.En regardant en arrière,comme on se penche au-dessus d'un abîme qui attire et repousse à la fois,Jean avait vu la ligne blanche de la côte.Il était trop tard pour renoncer à retourner.Trop tard,trop tôt,pas assez loin,pas assez perdu.Juste à une heure de nage,sans doute,avant de reprendre pied sur la terre.Et puis,soudain,presque sous son nez,est passé paresseusement un poisson-lune,étrange,gonflé,qui se laissait emporter par le courant.Jean a eu le temps de voir ses yeux bleus dilatés,sa bouche fendue dans un sourire,ses nageoires écartées tandis que la mer l'emportait au hasard.Il a pensé qu'il n'oublierait pas,que c'était un message en quelque sorte,la réponse aux questions d'Anaxagore et d'Heraclite,une phrase,un vers,un fragment déatché de la galaxie.
Alors il avait commencé à nager vers la terre;lentement mais surement,lançant ses bras le plus loin en avant,les doigts bien écartés pour saisir l'eau,son coeur battant tranquillement dans sa poitrine.
Sur une partie de la plage il avait pris pied,il s'était allongé prés de la route,et déjà baigneurs et baigneuses,s'installaient,peignaient leurs membres à l'huile de coprah.
A un moment,l'espace d'une seconde,il avait pensé:c'est aujourd'hui,le jour où je pouvais mourrir."

J.-M. G Le Clézio - Révolutions

Oui Nemo tu as trouvé,c'est bien Gustave.
A ton tour de nous trouver un texte.

Athi,je suppose que t' étais occuppée aujourd'hui mais t'aurais trouvé quand même hein ?

oui désolée, je suis un peu occupée en ce moment, mais superbe extrait, magnifique, du "Le Clézio" comme je l'aime qui me fait partir loin, si loin que j'en redemande encore !
merci à toi....

je n'ai pas lu ce livre mais j'ai reconnu son style très caractéristique. à quoi on reconnait les grands écrivains hein ? pour le titre du livre je suis allé simplement voir les quatrièmes de couv de ces livres

j'aime beaucoup ce qu' il a dit à propos des romans.il a dit que ce sont les écrits qui contiennent le plus de vérité.je suis comblé car ce sont mes lectures privilégiées.


bon je regarde ça et je vais essayer de pas faire trop dur

Voici un autre extrait d'un autre de mes livres préférés:

"à mes propres oreilles ma voix résonnait comme une étrangère,un ange filou me piratait mes pensées jusque dans ma tête et cet ange n'était autre qu'un blondinet du XXXème siècle,assis contre une fenêtre,qui m'observait à travers un livre.
Anne-Marie me trouvait à mon pupitre,gribouillant,elle disait:
"comme il fait sombre,mon petit chéri se crève les yeux" C'était l'occasion de répondre en toute innocence:"même dans le noir je pourrais ecrire."
Elle riait,m'appelait petit sot,donnait de la lumière,le tour était joué,nous ignorions l'un l'autre que je venais d'avertir l'an trois mille de ma future infirmité.En effet,sur la fin de ma vie plus aveugle que Beethoven ne fut sourd,je confectionnerais à tatons mon dernier ouvrage:on retrouverait mon manuscrit dans mes papiers,les gens diraient déçus:"mais c'est illisible !"Il serait même question de le jeter à la poubelle.Pour finir la bibliothèque municipale d'Aurillac le réclamerait par charité pure,il resterait 100 ans oublié.Et puis un jour,pour l'amour de moi,de jeunes érudits tenteraient de le déchiffrer:ils n'auraient pas trop de toute leur vie pour reconstituer ce qui naturellement,serait mon chef d'oeuvre.
Il y avait un claquement sec:mon arrière-petit-neveu,là-haut,fermait son livre:il révait à l'enfance de son arrière-grand-oncle et des larmes roulaient sur ses joues:"c'est pourtant vrai,soupirait-il,il a écrit dans les ténèbres !".
Je paradais devant des enfants à naitre qui me ressembleraient trait pour trait,
je me tirais des larmes en évoquant celles que je leur ferais verser.Je voyais ma mort par leurs yeux;elle avait eu lieu,c'était ma vérité:je devins ma notice nécrologique."

Un indice ? Voici une citation de cet auteur emblématique du 20 siècle:
"on a jamais été aussi libre que sous l'occupation allemande".

Jean Paul Sartre

Oui c'est ça Angora.
Mais quel est le nom du roman ?

la nausée

Non,c'est pas la nausée.
Je vous laisse encore un peu chercher mais de toute façon,on peut dire qu'Angora
avait quand même trouvé la réponse.

Les mots ?

Oui c'est ça ! Ben tu vois Athi,tu as trouvé ! A toi de nous mettre un texte.

Ok !
je donne des indices ou pas ?... on verra bien si vous trouvez !

.....Des étoiles dans les yeux, des voiles aux cheveux, parée de cyclamens et de violettes des bois... quel rêve absurde ! elle avait au moins cinquante ans; elle avait huit enfants. elle traversait des champs de fleurs, pressant contre son sein des boutons de fleurs brisés et des agneaux tombés; des étoiles dans les yeux et les cheveux au vent. Il prit son sac.
"Adieu Elsie", dit-elle et ils remontèrent la rue, elle tenant son ombrelle très droite et marchant comme si elle se fût attendue à rencontrer quelqu'un au premier tournant, et lui éprouvant pour la première fois de sa vie une extraordinaire fierté.....

colette ?

ça aurait pu, mais c'est pas ! mais c'est une femme voui !

Athisha a écrit:

ça aurait pu, mais c'est pas ! mais c'est une femme voui !

c'est toi ?

Athisha a écrit:

ça aurait pu, mais c'est pas ! mais c'est une femme voui !

comme t'es gentille moi aussi je vais jouer

Angora a écrit:

Athisha a écrit:

ça aurait pu, mais c'est pas ! mais c'est une femme voui !

c'est toi ?

j'aurais jamais osé !

c'est un grand écrivain anglais (femme) très connu...
le livre est paru en 1927...

Virginia Woolf ?

Yes ! alors quel livre ?

"vers le phare" ou "la promenade au phare" est paru en 1927.

c'est cela, mon livre préféré en fait de V Woolf !

bon à toi alors !

Athisha a écrit:

c'est cela, mon livre préféré en fait de V Woolf !

bon à toi alors !

ok ! je vais y réfléchir

un très joli roman que nous avons tous lu je pense

Avant sa venue, lorsque le cours était fini, à quatre heures, une longue soirée de solitude commençait pour moi. Mon père transportait le feu du poêle de la classe dans la cheminée de notre salle à manger ; et peu à peu les derniers gamins attardés abandonnaient l’école refroidie où roulaient des tourbillons de fumée. Il y avait encore quelques jeux, des galopades dans la cour ; puis la nuit venait ; les deux élèves qui avaient balayé la classe cherchaient sous le hangar leurs capuchons et leurs pèlerines, et ils partaient bien vite, leur panier au bras, en laissant le grand portail ouvert…

Alors, tant qu’il y avait une lueur de jour, je restais au fond de la mairie, enfermé dans le cabinet des archives plein de mouches mortes, d’affiches battant au vent, et je lisais assis sur une vieille bascule, auprès d’une fenêtre qui donnait sur le jardin.
Lorsqu’il faisait noir, que les chiens de la ferme voisine commençaient à hurler et que le carreau de notre petite cuisine s’illuminait, je rentrais enfin. Ma mère avait commencé de préparer le repas. Je montais trois marches de l’escalier du grenier ; je m’asseyais sans rien dire et, la tête appuyée aux barreaux froids de la rampe, je la regardais allumer son feu dans l’étroite cuisine où vacillait la flamme d’une bougie.

je crois savoir mais je vais laisser une chance aux autres ! cela ferait-il parti d'une trilogie ?